Découvrez les origines des pulls traditionnels

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Les origines des tricots traditionnels article de tricot-reporter

Que connaissez-vous des origines des pulls traditionnels ? Ces pulls emblématiques dont la seule évocation nous emmène voyager dans le temps et l’espace.

Vous vous sentez perdue quand votre voisine d’apéro tricot vous vante les mérites des encolures des pulls lopi ?
Que la tricoteuse d’en face exprime sa préférence pour le fair-isle par rapport au jacquard ?
Votre cerveau s’embrouille quand on évoque : pull irlandais, tricot islandais, pull shetland, fair-isle, Aran, gansey, Lopi… ?

Alors vous êtes comme moi lors de mes premiers pas dans les cercles des tricoteuses et tricoteurs avertis.

J’ai attisé votre curiosité ?
J’en suis ravie : je vais pouvoir vous emmener en voyage et partager avec vous mes découvertes sur les origines des pulls traditionnels.

Carte géographique des origines de pulls traditionnels au tricot

Les différents types de pulls tirent leurs origines de la géographie et des climats. C’est donc naturellement sur l’hémisphère nord que nous allons concentrer notre attention. Prenons notre carte géographique et partons faire un tour d’horizon des origines des tricots traditionnels.

Pulls d’Aran, d’Ecosse, d’Islande, des îles Féroé, de Norvège ou bien d’Estonie ou de Lettonie ?
Pour transcender l’espace et vous rendre directement au chapitre qui vous attire le plus, cliquez sur une des images.

Origines des pulls traditionnels d’Aran

Traversons la Mer Celtique et accostons en Irlande. Direction Doolin sur la côte ouest pour embarquer à destination des trois îles d’Aran.

Côtes des Iles d'Aran aux Origines des pulls traditionnels d'aran

Ce voyage, je l’ai réalisé à l’âge de 18 ans. C’était mon tout premier voyage entre copains, une vraie aventure, sans parents et sans téléphone portable (ça n’existait pas !). Nous étions décidés à gagner la terre gaélique de nos rêves. Nous n’avons pas été déçus. Je n’ai rien oublié du moment où nous avons accosté à Inisheer, la plus petite des trois îles.

Bien loin de la verte Irlande, les îles d’Aran offrent un paysage minéral et sauvage. Nous ne sommes pas loin du Connemara.

Ces lieux majestueux sont le berceau des fameux pulls irlandais, célèbres pour leurs motifs complexes en relief.

Torsades et points texturés sont mis en valeurs par l’utilisation de laine naturelle. L’aspect monochrome permet de mettre en valeur l’ouvrage (tout comme pour les pulls des pêcheurs gansey).

Maison de pêcheurs et tricoteuses des pulls des îles d'Aran
Photo d'un pêcheur avec pull Aran traditionnel

Pulls de pêcheur tricotés bien serrés, les pulls d’Aran étaient conçus pour être des vêtements de travail fonctionnels, offrant chaleur et protection contre les éléments rigoureux.

Les motifs utilisés dans ces pulls étaient à la fois symboliques et pratiques. Chaque motif avait une signification particulière et était souvent associé à une famille ou à une communauté spécifique de l’île d’Aran.

Ainsi, le motif de la torsade représentait les cordages utilisés dans la pêche, tandis que les motifs en nid d’abeille symbolisaient les ruches et la bonne fortune…
Je vous détaillerai tous les symboles dans un prochain article entièrement consacré aux pulls d’Aran.

Pour vous faire la publicité des pulls des îles d’Aran j’ai hésité entre Elvis Presley, Jean Seberg et Steve Mac Queen. Finalement j’ai décidé de les mettre tous les trois. Pourquoi se priver ?

Elvis Presley, Jean Seberg et Steeve mac queen en pull traditionnel d'origine aran

Puisque nous sommes lancés sur les pulls de pêcheurs, approchons-nous maintenant d’une autre ile : l’île de Guernesey. Et partons à la découverte des origines des pulls traditionnels gansey.

Les pulls traditionnels gansey (Guernesey)

Tout comme les pulls d’Aran, les pulls au tricot de type gansey sont monochromes, et le travail des motifs se fait sur la texture et le relief. Comme eux, ils sont destinés aux pêcheurs. Ils trouvent leur origine dans les régions côtières de la mer du Nord et en particulier sur l’île de Guernesey. D’où les appellations : pulls gansey ou pulls de Guernesey.

Ile anglo-normande, Guernesey a accueilli Victor Hugo pendant son exil. Celui-ci lui a même consacré un roman, « Les travailleurs de la mer », qu’il a écrit sur place, passant ainsi des « misérables » de Paris aux travailleurs de la mer à Guernesey. C’est dire le rôle prépondérant des pêcheurs dans l’économie locale… et pour avoir un rôle prépondérant dans l’histoire, mieux vaut avoir un bon pull !

Côtes de l'Ile du Guernesey aux Origines des pulls traditionnels gansey
Je dédie ce livre au rocher d’hospitalité et de liberté, à ce coin de vieille terre normande où vit le noble petit peuple de la mer, à l’île de Guernesey, sévère et douce, mon asile actuel, mon tombeau probable. 
Victor Hugo en exil à GuerneseyVictor Hugo
pecheur avec pull traditionnel gansey de guernesey

Alors, qu’avaient-ils de particulier, ces fameux pulls ? Et bien les pulls gansey étaient tricotés serrés dans une laine robuste et dense, généralement non traitée, ce qui les rendait chauds, résistants à l’eau et durables. C’est ainsi que, dès le XVIIIe siècle, ils protégeaient les marins des éléments violents et froids de la mer du Nord.

Ce sont les épouses restées à terre qui tricotaient amoureusement les pulls des marins. Avec pour chaque région, un motif différent… ce qui permettait de distinguer l’origine géographique de ceux qui les portaient. Les représentations les plus courantes comprenaient des motifs de vagues, de cordages, de filets de pêche et d’autres symboles marins.

Les tricots de type Aran et gansey présentent de nombreuses similitudes. Comment les différencier ? Je vous dirai tout dans un prochain article. Vous ne les confondrez plus jamais ! Et ça, c’est une belle façon de frimer en société ! (j’avoue que j’aime bien frimer de temps en temps, ça fait sourire les copines et cela permet un partage de savoirs qui nous enrichit !)

Origines des pulls traditionnels norvégiens

De la Norvège on connait les fjords impressionnants, les montagnes aux reliefs accidentés, les glaciers et les cascades spectaculaires. Mais aussi les fameuses aurores boréales et le soleil de minuit.

Aurore boréale en Norvège pays des Origines des pulls traditionnels norvégiens

Le problème avec la Norvège, ce que, quand on y est allé une fois, on n’a qu’une seule idée en tête : y retourner ! J’ai découvert la Norvège en 2015 et j’y ai déjà fait quatre voyages.

C’est que c’est grand la Norvège ! Enfin, c’est surtout « long » : une immense bande de terre et de roche qui s’étend entre l’océan atlantique et les montagnes pour atteindre le point le plus septentrional de notre continent, le mythique Cap Nord !

Le pull norvégien traditionnel Marius des origines

Quand on évoque la Norvège on pense aussi aux Jeux Olympiques, au ski… et aux pulls 

Vous savez, les fameux pulls à motifs géométriques. Mais aussi ceux ornés de l’étoile traditionnelle des pays scandinaves. Ici, pas de relief, mais un travail sur des fils de couleurs différentes.

Grand col, motifs aux couleurs du drapeau national (rouge, blanc et bleu) concentrés sur le haut du pull, manches montées avec emmanchure soulignée de motifs, le pull norvégien est devenu iconique. Il a été créé à l’occasion des Jeux Olympiques d’hiver d’Oslo en 1952, puisant son inspiration dans la vallée de Setesdal.

Quant à la fameuse étoile traditionnelle scandinave, son nom est « rose Selbu », car elle trouve son origine dans la région de… Selbu, célèbre pour ses moufles ornementées de motifs complexes.

Le roi Charles avec son pull traditionnel norvégien

Même le nouveau roi Charles III a craqué pour le style norvégien ! Qui pourrait rêver d’un ambassadeur plus célèbre et people ?

J’aurai grand plaisir à vous en dire plus sur le pull Marius, la vallée de Setesdal et la rose Selbu dans un prochain article dédié à la Norvège.

Pulls traditionnels islandais, les origines

Paysage d'Islande aux  Origines des pulls traditionnels islandais

Majestueuse et sauvage, la nature islandaise est soumise à des hivers rigoureux. Pour affronter les frimas, la laine islandaise (en Islande, laine se dit « lopi ») se doit d’être chaude, légère et durable. C’est ce qui a fait sa réputation ! Le tricot de type Lopi, également connu sous le nom de lopapeysa, désigne la technique islandaise traditionnelle de tricot.

Femme en pull traditionnel islandais Lopaseya

Les pulls Lopi (ou peysa) sont tricotés de façon circulaire et de manière lâche pour permettre une meilleure isolation thermique et une bonne circulation de l’air. On y retrouve le travail sur des fils de différentes couleurs. Le corps du pull et les manches sont reliés peu avant de tricoter l’empiècement. Cette méthode permet de tricoter un corps et des manches du pull sans coutures, offrant ainsi un confort supplémentaire et une finition soignée.

Les motifs s’inspirent de la nature, et contiennent souvent des formes et des symboles traditionnels islandais, tels que des étoiles, des vagues ou des croix.

A noter : le terme « Lopi » peut également faire référence à la marque de laine islandaise produite par la coopérative Ístex et qui est largement utilisée dans la création de pulls Lopi (https://www.ravelry.com/yarns/library/istex-lettlopi)

Guettez les prochains articles de Tricot-Reporter pour en savoir plus sur le tricot lopi et ses origines. Je vous y ferai découvrir des modèles typiques.

Tricot Fair Isle et Shetland

Paysage des iles fair-isle en Ecosse. Origine des pulls à motifs fair-isle

Les pulls au tricot de type Fair Isle tirent leur nom de la petite île écossaise de Fair Isle. La technique de tricot qu’ils utilisent porte d’ailleurs le même nom. Ces pulls sont réputés pour leurs motifs complexes et colorés, qui sont créés en utilisant une technique comparable au jacquard.

femme en pull au tricot traditionnel des iles shetland

Pour tricoter un pull Fair Isle, on utilise deux fils de couleurs différentes dans un même rang de tricot. Les motifs sont créés en alternant les différentes couleurs, produisant des formes géométriques, florales ou inspirées de la nature.

Les fils ne sont pas utilisés de manière continue, mais sont « flottés » ou « tissés » derrière le tricot lorsqu’ils ne sont pas nécessaires.

C’est le prince de Galles, futur le roi Édouard VIII, qui dès les années 1920 a popularisé la technique Fair Isle lorsqu’il a commencé à porter des pulls de ce style. C’est ainsi que les pulls Fair Isle sont peu à peu devenus emblématiques de la mode écossaise et britannique.

Mais le Fair Isle ne s’arrête pas en si bon chemin ! Avez-vous déjà entendu parler de tricoteuses qui coupent délibérément leur pull ? Vous avez bien lu ! Intrigant, non ? Cette technique, appelée « steek » est elle aussi originaire des îles Shetland. Le terme « steek » vient du scots (langue germanique locale) et signifie « couper ». Cette technique a été développée pour faciliter la création de tricots circulaires, tels que les pulls sans coutures ou les cardigans.

Le prince de galles avec son pull traditionnel des iles fair isle

Je mettrais mon pull à couper que vous voulez en savoir plus sur la méthode du steek ! L’article est en préparation.

Tricot des îles Féroé

L’archipel des îles Féroé, littéralement « île des moutons », est une magnifique parenthèse insulaire située entre l’Écosse et l’Islande. Le tricot typique de ces îles reflète cette situation particulière dans l’Atlantique Nord.

Ainsi, le tricot féroïen est au croisement entre les tricots du nord du Royaume-Uni et ceux de la Scandinavie.

Les moutons pour la laine Origines des pulls traditionnels des iles féroé
Photo : Kasper Lau

Aux îles Feroé, on compte plus de moutons que d’habitants ! Et le tricot est étroitement lié à la vie quotidienne et à la culture.

Sarah lund la detective de the killing en pull traditionnel des iles feroe

Dans cet archipel isolé, c’est historiquement sur les femmes que reposait cette compétence essentielle : ce sont elles qui tricotaient des vêtements pour toute leur communauté. Et mieux valait dans ces contrées rudes que les pulls, articles de base de la garde-robe, soient à même d’offrir chaleur et protection contre les conditions climatiques rigoureuses de la région !

Les motifs sont tricotés à l’aide de fils de couleurs différentes. Et même si la technique et les modèles varient un peu d’une région à l’autre, certains éléments communs se retrouvent généralement dans le tricot féroïen.

Les motifs les plus couramment utilisés sont inspirés de la nature et sont mis en valeur par des couleurs neutres et contrastantes de distinguant ainsi des tricots écossais ou islandais. Les motifs en noirs et blancs sont distinctifs des îles Féroé. On utilise souvent des motifs géométriques pour orner les cols, les poignets et les ourlets des pulls.

Le roi Charles VIII m’a permis de vous offrir une version people du pull norvégien. Oserai-je vous sortir la reine Camilla pour les pulls des îles Féroé ? Oui ! Elle est ici en photo avec l’actrice qui joue le rôle de Sarah Lund dans la série danoise « The killing » qui a popularisé les pull traditionnels des iles Féroé.

Sarah Lund en pull traditionnel des îles Féroé avec la reine Camilla
Photo : Sofie Gråbøl, Camilla,  Duchess of Cornwall Photo: Danmark Radio

Tricot estonien (île Muhu)

Plusieurs des plus anciens objets tricotés viennent d’Estonie. Du tricot estonien on retient les bas et mitaines de l’île Muhu ainsi que les châles en dentelle de la ville d’Haapsalu. Le tricot dentelle sera abordé dans un autre article de Tricot-Reporter, concentrons nous maintenant sur le tricot à motifs.

L’île de Muhu est un petit paradis de la mer Baltique, au large de la côte estonienne. On y découvre un environnement qui semble hors du temps, avec ses pittoresques villages de pêcheurs, ses chaumières et ses moulins à vent en bois.

Paysage de l'ile de muhu aux Origines des pulls traditionnels à motifs muhu

Et le tricot n’est pas en reste ! Depuis plusieurs centaines d’années, une tradition de tricot riche et colorée contribue à la réputation de l’île.

Bas traditionnel de l'ile muhu en estonie

Les fameuses « Couleurs de Muhu » aux teintes saisissantes ont atteint leur apogée au 19ème siècle, avec l’apparition des colorants à l’aniline brillants. Les couleurs les plus présentes sont le orange, le rose, le violet.

Traditionnellement ce sont les bas et les mitaines qui sont principalement tricotés sur place par les artisans insulaires.

Photo : musée national d’Estonie.

Certains tricoteurs n’hésitent pas à en reprendre les motifs sur des pulls. Ces motifs, fidèlement à la tradition sont inspirés de la flore et de la faune de l’île.

Sur l’ile de Muhu, le fil est fin et les petites aiguilles sont de rigueur, un gant de premier choix peut compter 150 points par tour !

Création et photo : Heli Kiverik

pulls traditionnels origines de l'ile de muhu par Heli Kiverik

Tricot de Lettonie

Ville de Riga en Lettonie aux Origines des pulls traditionnels Lettons
Ville de Riga en Lettonie

La Lettonie ? Un pays dont nous ne savons souvent que peu de choses. Hum ! Dois-je l’avouer ? Je ne déroge pas à la règle ! Je vous promets d’y faire un futur reportage et de vous partager mes découvertes.

Mitianes au tricot typiques de Lettonie

En tant que tricoteuses nous connaissons toutefois deux éléments de la culture de la Lettonie : les mitaines et les « tresses lettones ».

Au-delà de la protection contre le froid, les mitaines jouent un rôle culturel important dans le folklore letton. Elles sont au cœur de nombreuses traditions. Ainsi, il était jadis d’usage que les jeunes femmes tricotent des mitaines pour les offrir aux invités de leur mariage. Selon le nombre d’invités on peut imaginer qu’elles devaient s’y prendre bien à l’avance !

En 2006, lors d’une réunion du sommet de l’OTAN à Riga, 4500 paires de mitaines, toutes différentes et tricotées à la main ont été offertes aux participants du sommet.

Les motifs sont géométriques, colorés et extrêmement nombreux. Ils varient selon les régions, les destinataires et les occasions. Chaque paire de mitaines à sa propre histoire.

Une curiosité : la tresse lettone (latvian braid en anglais). C’est une technique de tricot étonnante qui permet de donner l’apparence d’une tresse horizontale bicolore intégrée à l’ouvrage. Elle permet notamment de délimiter les sections entre différents motifs.

Dans cet exemple, la tresse lettone en trois couleurs (beige, orange et noir) se trouve au niveau du poignet.

Mitaine léttone au tricot avec tresse latvian braid

Conclusion

Nous l’avons bien vu, on ne peut pas parler des origines des pulls traditionnels sans aborder d’autres éléments de notre garde robe d’hiver, moufles et bas sont tout aussi indispensable quand il fait froid.

Nous venons d’effectuer ensemble un tour rapide des origines des pulls traditionnels les plus célèbres. Du moins ceux dont on entend parler le plus souvent dans le monde du tricot !

Pour ma part je ne peux me contenter d’un tel survol. C’est pourquoi tout au long de cet article je vous ai proposé des liens vers d’autres articles qui vous permettront d’approfondir chaque sujet.

Mais il y a encore bien d’autres choses à découvrir : le Tvåändsstickning suédois (tricot à deux fils), les « pull-over de nuit » danois, le jacquard français et l’intarsia pour ne citer qu’eux. Et encore, c’est sans compter tout le tricot dentelle !

Nous avons encore tant de voyages à réaliser ensemble !

P.S : Saviez-vous que le jersey français doit son nom aux îles de Jersey ?
Étonnant, lorsqu’on sait que le terme anglais correspondant à notre jersey est le « stockinette stitch » (qui étymologiquement semble vouloir dire « point chaussette ») ? Le monde du tricot n’a pas fini de nous étonner.

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